OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Objectif électeurs #3 http://owni.fr/2012/04/19/objectif-electeurs-elections-presidentielle-photojournalisme/ http://owni.fr/2012/04/19/objectif-electeurs-elections-presidentielle-photojournalisme/#comments Thu, 19 Apr 2012 12:48:06 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=106865
Objectif électeurs

Objectif électeurs

OWNI est partenaire du projet 21 voix pour 2012, soit 21 portraits d'électeurs par des photojournalistes, autour ...

Une série de portraits pour témoigner des préoccupations et des attentes de citoyens à quelques semaines des élections présidentielles.  Prendre le pouls des électeurs, dans leur diversité politique, sociale, économique.

Hier soir se tenait à La Cantine une soirée de débat et de projections avec l’équipe du projet 21 voix pour 2012 et la présentation de leur webdocumentaire 60 secondes pour un quinquennat.

Le débat était animé par Ziad Maalouf de l’Atelier des médias, et était intitulé “Les politiques dans l’oeil du viseur” :

Du terrain aux rédactions comment les métiers de l’image fixe travaillent-ils ? Entre fausses coulisses, fausses confidences, mises en scène du pouvoir et volonté d’informer, comment photojournalistes, iconographes et illustrateurs contournent-ils ces obstacles ? Qu’est ce que le web, sa viralité et ses nouveaux usages changent aux dispositifs d’information et de communication politique ?

Nous vous présentons le troisième épisode de la série 21 voix pour 2012, avec le portrait de Jérémie par Morgane Fache et celui de Vincent par Jacob Khrist.

Jacob Khrist : la décroissance

Vincent Liegey et Daniel Mermet à Budapest pendant l'émission Café Repaire Là-bas si j'y suis (France Inter) - Janvier 2012 - © Jacob Khrist/21voix2012

Jacob Khrist est à la recherche de son sujet pour le projet 21 voix pour 2012 quand il rencontre Vincent Liegey dans un café au mois de décembre 2011.  Dès le lendemain, il réalise une interview et programme son départ pour Budapest. “Vincent est doctorant, marié à une député hongroise du parti alternatif LMP. Ce qui m’intéressait aussi c’était la vision globale de la politique à notre époque, d’une personne de notre âge qui vit dans un pays où des idées extrémistes reviennent en force”.

Jacob se rend à Budapest en janvier et se retrouve, par un heureux hasard du calendrier, présent au moment où Daniel Mermet et Antoine Chao venaient enregistrer une série d’émissions pour Là-bas si j’y suis : La Hongrie en marche arrière.

Daniel Mermet, Antoine Chao et Judit Morva, rédactrice en chef du monde diplomatique édition hongroise, à Budapest en janvier 2012 pour Là-bas si j'y suis - © Jacob Khrist/21voix pour 2012

Quand j’entends : ‘une croissance illimitée dans un monde limité est une absurdité’ , je me sens en harmonie avec cette idée, le fait que la société actuelle a atteint ses limites. La décroissance est une idée qui me touche.

Vincent Liegey était le contact de Daniel Mermet à Budapest et Jacob Khrist se retrouve presque tous les soirs avec l’équipe du café repaire. “C’était un long et “gros” week-end de janvier. Avec des manifestations pour et contre le régime de Viktor Orban et le congrès annuel du parti alternatif LMP.  Et d’autres symboles tombaient, comme le lieu culturel Gödör, repris par une personne proche des idées d’Orban.”

Cliquer ici pour voir la vidéo.


L’éclosion

Vincent me parlait de la dépersonnalisation de la politique notamment dans le mouvement de la décroissance. Tout le monde peut être porte parole, électeur, ou devenir candidat. Ils disent : “Notre candidate est la décroissance”. Ce qui me touchait, c’était d’abord le côté universel de sa vision de la société. J’ai cherché à faire ressortir cela dans ma sélection audio et graphique. J’ai donc choisi de travailler sur la déclinaison d’un seul portrait avec un mouvement d’éclosion. Je représente d’abord Vincent au travers un flou avec l’idée qu’il pourrait être chacun d’entre nous. Même si on l’entend se présenter, au tout début de la P.O.M,  je voulais qu’on rencontre son regard, qui est assez fort, seulement à la fin.

Vincent Liegey - © Jacob Khrist/21voix2012

Dans ce regard, je me vois en train de prendre la photo. Mais l’idée est, à nouveau, que cet autre pourrait être chacun d’entre nous. Dans ces yeux, il y a l’autre. C’est toujours la recherche du regard qui m’importe, quelque chose qui tient de la pureté, mais aussi, la notion de flou. Je cherchais ce mouvement entre l’éclosion et l’universalité, pour représenter cette idée : la relation entre la décroissance en politique et l’épanouissement de la personne dans la société.

Budapest - © Jacob Khrist/21voix2012

Morgan Fache : les néo-ruraux

Morgan Fache suit des néo-ruraux depuis trois ans. Un sujet au long cours qu’il garde de côté pour le moment.  “Je suis plusieurs personnes qui font ce qu’on appelle ‘un retour à la terre’. Beaucoup lâchent car c’est fastidieux. Mais mon but est de suivre leur évolution dans le temps, montrer les côtés positifs et négatifs.” Ces néo-ruraux sans terres suivent une formation, apprennent les rudiments du métier et terminent leur parcours par un stage et une passation de terre quand cela est possible. Morgan ajoute :

Le problème des jeunes agriculteurs c’est le foncier. Si on ne leur lègue pas une terre, il faut l’acheter, et les terres a louer sont rares.

Jérémie © Morgan Fache /21 voix pour 2012

Point de départ, le Tarn, son département d’origine.  Morgan cherche pour le projet 21 voix un profil de paysan plutôt militant et cultivant du bio. Après une déconvenue, il se tourne vers un ami, Jérémie, en reconversion lui aussi.  “Il sort de cette même formation. Je me rappelle d’une époque où il était un peu perdu. Pas tant sur ce qu’il voulait faire, mais plutôt sur comment il allait le faire.  Après cette formation il a eu la chance de trouver une terre à louer et de ne pas avoir de soucis par rapport à son habitat.”

Sur les routes du Tarn © Morgan Fache /21 voix pour 2012

Morgan Fache passe deux jours avec Jérémie et son entourage. “Jérémie développe une agriculture hors des sentiers battus, hors labels. Il fait partie de Nature et progrès une fédération de consommateurs et d’agriculteurs avec un côté plus social qu’un simple label bio. Les échanges entre les gens sont prépondérants. C’est ce que Jérémie a toujours recherché. “

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La terre à l’avenir

Il est 17h ou 18h. Nous sommes au mois de décembre. Il fait déjà nuit. Jérémie livre ses produits frais sur une aire d’autoroute juste avant d’entrer sur Albi. Il a une dizaine de clients fidèles, des particuliers. Ils se retrouvent deux fois par semaine avec un autre maraîcher. À deux, ils peuvent proposer plusieurs variétés de légumes et ils peuvent aussi se relayer. À partir de là tout va très vite.  Ils discutent pour voir si la santé est bonne, ils se connaissent depuis longtemps. L’ambiance est sympa, ces personnes viennent même le voir de temps en temps le week-end sur ses terres.

Portrait de Jérémie par © Morgan Fache / 21 voix pour 2012

Nous sommes repartis dans sa voiture, Bob Marley en fond sonore. C’est sur ce chemin du retour que j’ai pris la photo. Il a l’air en paix et dans son monde. La lumière était belle, avec celle des phares conjuguée à celle des petits villages que nous traversions. Cet aller vers la terre lui correspond, cela fait dix ans qu’il en parle. Même si ce n est pas toujours simple au niveau financier, Jérémie réalise ce qu’il avait envie d’être.

Sur les terres de Jérémie © Morgan Fache /21 voix pour 2012


Photographies par ©Jacob Khrist et @Morgan Fache pour le projet transmédia 21 voix pour 2012

Les photographes

Morgan Fache vient d’avoir 31 ans. Travailleur social pendant cinq années dont la moitié à l’étranger, c’est en Nouvelle-Calédonie en 2008 qu’il décide de faire de la photographie son métier. Après un CAP photo, il enchaîne les postes d’assistant auprès de différents photographes et répond à ses premières commandes en freelance. Intéressé par des thèmes sociaux et particulièrement le travail de mémoire sur les communautés dites marginales, il intègre la filière photojournalisme de l’EMI-CFD en 2011.

Jacob Khrist a (bientôt) 33 ans. L’appareil photo constamment en bandoulière, il documente la scène artistique parisienne pendant plusieurs années. C’est à travers les portraits qu’il retranscrit sa vision du monde, et de l’humain. Son intérêt pour les nouvelles formes de narration et les possibilités offertes par le “transmédia”, l’amènent à l’EMI-CFD en 2011.

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Objectif électeurs #2 http://owni.fr/2012/04/15/objectif-electeurs-2-elections-presidentielle-photojournalisme/ http://owni.fr/2012/04/15/objectif-electeurs-2-elections-presidentielle-photojournalisme/#comments Sun, 15 Apr 2012 12:37:47 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=106053 21 voix pour 2012, ce sont 21 photojournalistes partis à la rencontre de 21 électeurs aux quatre coins de la France. Une série de portraits qui vise à témoigner des préoccupations et des attentes de citoyens à quelques semaines des élections présidentielles.
Objectif électeurs

Objectif électeurs

OWNI est partenaire du projet 21 voix pour 2012, soit 21 portraits d'électeurs par des photojournalistes, autour ...

Prendre le pouls des électeurs, dans leur diversité politique, sociale, économique. Certains se prononcent pour un candidat, d’autres hésitent ou choisissent de voter blanc.

Les personnes ont été choisies en fonction des thématiques qui traversent les débats de la présidentielle, 21 en tout, – chômage, réforme de la retraite, immigration, agriculture, décroissance, éducation, etc. – Chaque photojournaliste a choisi un électeur en fonction de la thématique qui les intéressait ou en fonction des contraintes du projet (respect de la parité, diversité et thèmes et des catégories socio-professionnelles). Puis le réseau de leurs contacts a fait le reste.

Le deuxième volet de ces 21 P.O.M (Petites Œuvres Multimédia) part à la rencontre de Fabienne, enseignante à ESMOD et déçue du sarkozysme, par le photographe Benjamin Leterrier. Et de Delphine, jeune diplômée à la recherche d’un emploi, par la photographe Karin Crona. Nous vous donnons rendez-vous le 19 avril à La Cantine pour une soirée de projections et de débat autour de la représentation et la perception du politique dans les médias.

Karin Crona : le chômage

Delphine au Secours catholique. Elle y est bénévole sur son temps libre. ©Karin Crona/21voixpour2012

Karin Crona, a rencontré Delphine à un moment de ras le bol dans sa recherche d’emploi. Elle enchaînait les stages sans jamais trouver de CDD ou de CDI depuis plus d’un an. “Ce qui m’a frappé c’est sa volonté de ne pas rester inactive, de ne pas baisser les bras. Elle attendait une réponse pour un CDD quand je l’ai rencontrée mais elle était prête à reprendre un stage si cela ne marchait pas” raconte Karin.

Delphine donne du temps au Secours catholique, franchit de portes et enchaîne les entretiens. Karin ajoute,“au début de sa vie professionnelle, on a envie de s’investir et on ne s’attend pas à la commencer avec du chômage ou des stages à n’en plus finir. J’espérais pouvoir montrer ce cheminement, dans la recherche d’un emploi”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Un si long chemin…

Delphine habite un immeuble élégant dans le 17eme arrondissement de Paris. Je l’ai vu deux fois chez elle. Pour accéder à sa chambre de bonne, il faut franchir beaucoup de portes, traverser la cour de l’immeuble jusqu’au fond, prendre les escaliers de service jusqu’au 7ème étage à pied et longer des couloirs. Ces escaliers sont étroits et vides. On se sent seul dans l’ascension, sans présence de voisins, avec sonnettes et paillassons. Pour moi, tout ce trajet était devenu symbolique du chemin qu’elle a du parcourir pour trouver du travail.

Delphine, jeune diplômée à la recherche d'un emploi par ©Karin Crona/21 voix pour 2012

Au départ, je voulais faire une séquence de stop motion où elle marche dans ce long couloir. Je lui ai demandé de se placer, et j’ai fait les photos. J’aimais bien cette lumière qui sortait derrière elle, au bout de ce long tunnel. Ce n’est qu’au moment du montage, que cette photo ma frappée, avec toute la symbolique qui s’en dégageait. Je trouvais qu’elle sortait du lot, qu’elle cristallisait son histoire et je l’ai gardée telle quelle.

Benjamin Leterrier : éducation et emploi

“Notre démarche sur le projet 21 voix pour 2012 était de respecter entre autres choses, la parité. À un moment donné, nous avions 5 femmes représentée pour 16 hommes. C’est cette contrainte qui m’a fait découvrir l’univers de la mode et m’intéresser de plus près aux enjeux de l’éducation et de l’emploi des jeunes,” raconte Benjamin Leterrier. Il rencontre Fabienne, professeur de stylisme à l’Ecole supérieure des arts et techniques de la mode (ESMOD).

Les élèves de l'école ESMOD au travail © Benjamin Leterrier/21 voix pour 2012

Déçue des promesses faites par le gouvernement Sarkozy, c’est son rapport avec ses élèves, son inquiétude et son sens de la responsabilité face à leur avenir qui a frappé Benjamin Leterrier. “On voit qu’elle est proche d’eux, qu’elle se sent responsable, et en opposition, elle ressent très fortement l’éloignement des hommes politiques des citoyens.”

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Transmission

C’était en fin d’après-midi. Les élèves ont tous un projet personnel de collection de vêtements à réaliser sur plusieurs mois. Ce jour là, ils passaient voir Fabienne avec leurs ébauches. ESMOD accueille beaucoup d’élèves des pays asiatiques et Fabienne donne aussi ses cours en anglais. Son parcours personnel est intéressant car elle a étudié dans cette même école, puis a travaillé dix ans en Chine dans une usine de textile avant de revenir travailler ici.

Fabienne et son élève © Benjamin Leterrier/21 voix pour 2012

Toutes les deux étaient très concentrées comme dans une bulle. Autour d’elles il y avait plusieurs élèves dans une grande salle. Je me suis placé comme une petite souris derrières elles. C’est ce moment de proximité, de transmission et d’attention que je voulais capter.


Photographies par Karin Crona © etBenjamin Leterrier © tous droits réservés

OWNI s’associe à au projet 21 voix pour 2012 avec La CantineSilicon Maniacs, Youphil, L’Atelier des médias, l’EMI-CFD et le Studio Hans Lucas. Nous vous donnons rendez-vous le 19 avril à La Cantine pour une soirée de projections et de débat autour de la représentation et la perception du politique dans les médias. Inscrivez-vous !

Les photojournalistes :

Karin Crona a 43 ans et vit en France depuis 12 ans. Graphiste de métier, dans l’édition et dans la presse, elle décide de faire de la photographie son métier principal depuis 5 ans. C’est le partage de ses clichés sur internet qui la pousse à se lancer. Elle traite des thèmes sociaux, liés à l’éducation, la précarité et l’exclusion.

Benjamin Leterrier a 38 ans. Biologiste et journaliste de formation, il découvre la photographie en 2001 lorsqu’il part s’installer à la Réunion. Il commencera à collaborer avec la revue du CNRS en avril 2012.

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Objectif électeurs http://owni.fr/2012/03/27/objectif-electeurs-21-voix-pour-2012-photojournalisme/ http://owni.fr/2012/03/27/objectif-electeurs-21-voix-pour-2012-photojournalisme/#comments Tue, 27 Mar 2012 15:11:35 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=102596 OWNI est partenaire du projet 21 voix pour 2012, soit 21 portraits d'électeurs par des photojournalistes, autour des thèmes de la campagne. Rendez-vous le 19 avril à La Cantine pour une soirée de projections, de débats et d'ateliers autour de la représentation et la perception du politique dans les médias.]]> 21 voix pour 2012, ce sont 21 photojournalistes partis à la rencontre de 21 électeurs aux quatre coins de la France. Une série de portraits qui vise à témoigner des préoccupations et des attentes de citoyens à quelques semaines des élections présidentielles. 
Objectif électeurs #2

Objectif électeurs #2

21 voix pour 2012, ce sont 21 portraits d'électeurs par des photojournalistes, autour des thèmes de la campagne. Rencontre ...

Prendre le pouls des électeurs, dans leur diversité politique, sociale, économique. Certains se prononcent pour un candidat, d’autres hésitent ou choisissent de voter blanc.

Les personnes ont été choisies en fonction des thématiques qui traversent les débats de la présidentielle, 21 en tout, – chômage, réforme de la retraite, immigration, agriculture, décroissance, éducation, etc. Chaque photojournaliste a choisi un électeur en fonction de la thématique qui les intéressait. Puis le réseau de leurs contacts a fait le reste.

Nous diffuserons ces prochaines semaines quelques-unes de ces 21 P.O.M (Petites Œuvres Multimédia) en demandant à chaque photojournaliste de nous parler d’une photo de leur choix. OWNI s’associe à ce projet avec La CantineSilicon Maniacs, Youphil, L’Atelier des médias, l’EMI-CFD et le Studio Hans Lucas.

Nous vous donnons rendez-vous le 19 avril à La Cantine pour une soirée de projections, de débats et d’ateliers autour de la représentation et la perception du politique dans les médias.

Milan Szypura : l’artisanat


Jara par ©Milan Szypura/21voixpour2012

Le premier épisode de la série 21 Voix pour 2012 nous emmène dans un petit village du Loir-et-Cher à Saint-Agile. Le photojournaliste Milan Szypura est parti à la rencontre de Jara, artisan du cuir et sellier.  La question qui l’intéressait était de savoir comment une petite entreprise pouvait fonctionner sans que la croissance soit une fin en soi. “Il ne s’agit pas ici de décroissance” nous raconte Milan Szypura. Ce qui m’interpelle, c’est d’arriver à travailler,  en étant en accord avec ce que l’on produit, en misant sur la qualité et le local, sans chercher à gagner énormément d’argent.”

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La Ferrari rouge

Cette photo me parait intéressante pour sa valeur de contraste. Nous nous retrouvons dans son atelier de cuir, avec beaucoup de bordel, et au moment où la photo apparait dans le diaporama sonore, Jara dit qu’il n’a pas beaucoup senti la crise à son niveau. Je trouvais ça beau de mettre cette photo en contraste avec ces paroles. Évidemment cette Ferrari n’est pas à lui et, même si cela peut prêter à confusion à la première lecture, j’avais confiance dans le déroulement de l’histoire.

Jara Buschhoff dans son atelier - ©Milan Szypura/21voixpour2012

Parmi les clients de Jara, beaucoup de gens possèdent des voitures de luxe. En dehors des selles de cheval et de la maroquinerie, ils refont tout l’intérieur cuir de ces bolides. Dans l’atelier, on trouve toujours une de ces énormes voitures, mais j’ai eu de la chance cette fois-là d’avoir une Ferrari rouge. La semaine d’avant c’était une Rolls Royce blanche, et encore avant une Bentley bleue. Je trouvais que ce décalage était intéressant et emblématique du contraste entre ces voitures de luxe et la simplicité de leur mode de vie et de production artisanale, dans ce petit village perdu du Loir et Cher.

Jara Buschhoff, travailleur de cuir en région centre, chez lui le 26 Novembre 2011, au lieu-dit « Les Noyers» près de Souday ©Milan Szypura/21voixpour2012

Toufik Oulmi : l’islam

L’idée pour Toufik Oulmi, était d’aller au-delà du cliché véhiculé par les médias, celle d’un islam radical prôné par des barbus en djellaba. Lui qui n’est pas musulman, ne reconnait pas les gens de son entourage dans ces portraits médiatiques. Il rencontre Abdou, 38 ans, responsable ressources humaines par l’intermédiaire d’amis communs. “Je voulais montrer à travers Abdou, l’image que je connais de ces Français musulmans pratiquants.”

Deuxième cour de la mosquée de Paris près de la salle des prières. ©Toufik Oulmi/21Voixpour2012

Toufik Oulmi avait déjà une idée précise de la scénarisation de son reportage : “Je savais que je ne voulais pas montrer Abdou de face dès le départ.” Parler de cette religion en France, telle qu’elle est pratiquée par la majorité. Et parmi ces musulmans, des cadres, comme Abdou. “Je montre ses mains, sa silhouette de dos, je voulais laisser le spectateur imaginer son visage jusqu’au bout pendant qu’il nous parle. Je recherchais une ambiance de polar et  le noir et blanc allait de pair avec cette narration.”

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Derrière la vitre

On venait juste d’arriver chez lui. C’était la troisième et dernière fois que je voyais Abdou. Il commençait à me parler des jeunes diplômés qui partaient au Qatar mais je ne l’enregistrais pas à ce moment là. Il se mettait à l’aise, me disait de faire de même. J’avais toujours mon appareil photo à la main.

Portrait d'Abdou par ©Toufik Oulmi/21Voixpour2012

En fait j’étais placé devant la fenêtre. Juste avant, Abdou m’avait montré la vue sur la mosquée. J’essayais de la voir pendant qu’il me parlait. Ce n’était pas évident, de nuit avec tous les reflets des lumières et la buée. Abdou se tenait derrière moi, en train de se déplacer, je pense vers la cuisine. C’est à ce moment là que j’ai vu son ombre-reflet sur la vitre. Et j’ai déclenché.

À cette période, j’avais déjà commencé à monter une partie de la P.O.M, et je me sentais déjà dans l’ambiance polar. Je suis très cinéphile. La grosse lumière derrière son visage, venait de sa lampe halogène cassée qui penchait sur le côté. Je trouve que cette image reflète bien cette ambiance polar que je recherchais,  le côté mystérieux, le fait aussi de s’interroger sur les questions d’identité. Mais sur le coup, tu déclenches, tu ne penses pas à tout ça.

Les mains d'Abdou, face à la mosquée de Paris ©Toufik Oulmi/21voix pour2012


Vous pouvez soutenir le projet 21 VOIX POUR 2012 en faisant un don sur la plateforme de crowfunding KISS KISS BANK BANK

Photographies par Milan Szypura © etToufik Oulmi © tous droits réservés

Les photojournalistes :

Milan Szypura, 35 ans, ancien danseur contemporain, a commencé à documenter son environnement artistique avec un appareil photo argentique. Il se lance en tant que photographe professionnel en 2007 et après un passage par les Gobelins, il se forme aujourd’hui au photojournalisme à l’EMI-CFD. Son objectif, la couverture des conflits armés.

Toufik Oulmi a 39 ans. Après avoir été informaticien pendant de longues années, il prend l’avion pour la Tunisie en mars 2011. Dans le camp de Choucha, à la frontière tuniso-libyenne, il capture ces moments d’élégance et de dignité des réfugiés, dans la détresse de l’attente interminable pour passer la frontière. Ce reportage lui vaudra d’être lauréat du prix Polka Magazine/SFR jeunes talents 2011.

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POM, vidéographie, webdocumentaire : lexique des nouveaux formats http://owni.fr/2010/12/06/pom-videographie-webdocumentaire%e2%80%a6-petit-lexique-des-nouveaux-formats/ http://owni.fr/2010/12/06/pom-videographie-webdocumentaire%e2%80%a6-petit-lexique-des-nouveaux-formats/#comments Mon, 06 Dec 2010 07:39:53 +0000 Wilfrid Esteve http://owni.fr/?p=37704 La crise dans les médias aura eu le mérite d’accélérer les initiatives des photojournalistes dans le “digital story telling”. Depuis 2005, une nouvelle orchestration éditoriale s’est mise en place pour l’ensemble des “journalistes de l’image” et des écritures narratives ont rencontré leurs publics. Même si nous sommes toujours dans l’essai, les enjeux sont réels : des métiers ont évolué (journaliste multimédia, iconographe bimédia), d’autres se sont créés (vidéographe, community manager) et des formats (ou capsules) ont vu le jour (POM, vidéographie, Websérie et Webdocumentaire) permettant à l’image fixe, désormais en mouvement, d’interagir.

S‘informer en tous lieux et à tout moment… Aujourd’hui on parle de fragmentation de l’information visuelle, de transversalité du récit, de multiplication des supports et des écrans, de développement des communautés, l’image (fixe ou animée) est d’ailleurs devenue “conversationnelle” dans les réseaux sociaux.

Dans le cadre de l’événement POM+F, organisé par l’association FreeLens de décembre 2010 à avril 2011, il nous semble important de revenir sur ces cinq dernières années et de donner quelques définitions des principaux termes utilisés aujourd’hui pour classer les « nouveaux médias ». Ces nouvelles formes de contenus étant en pleine émergence, ces définitions sont bien entendu susceptibles d’évoluer avec le temps…

POM

Une Petite Œuvre multimédia (acronyme POM ou POEM), appelée parfois Petit Objet Multimédia, est une réalisation vidéo ou flash qui associe photographe, réalisateur, webdesigner, créateur sonore et illustrateur.

Ce média linéaire est basé sur un montage d’après des photographies uniquement, sa réalisation sonore est très poussée. Souvent articulé selon le choix d’un angle et d’une écriture spécifique, le point de vue de ses auteurs sert de fil conducteur. Une POM peut aussi développer une problématique ou apporter un éclairage complémentaire à une information d’actualité.

Ce format court (entre une et quatre minutes) peut appartenir au genre de la fiction, du documentaire ou du reportage, il fait partie avec le web-reportage, le webdocumentaire et la vidéographie, des nouveaux médias ou nouveaux supports de l’information.

La Petite Œuvre Multimédia a été créée et développée en 2005 par Territoires de Fictions dans le projet « France à quoi tu penses ? ». Selon Virginie Terrasse, photographe et directrice artistique de TdF (avec Benjamin Boccas), la POM « anime l’image fixe, lui apporte une 3e dimension et permet une approche directe, sensitive et ludique du sujet » et constitue une « passerelle entre information et création ». Mode de narration innovant, la POM est un service RichMedia et est par nature un format éditorialisé spécifique au Web.

La réalisation de POM est enseignée à Paris à l’École des métiers de l’Information (EMI-CFD) depuis 2006 et à l’école de l’image les Gobelins en 2010. Le studio de création et de production Hans Lucas est spécialisé depuis 2006 dans la réalisation de Petites Œuvres Multimédia. Aujourd’hui,  deux autres sociétés de production en réalisent, Petit Homme prod. à Lyon et l’agence de reportage Sapiensapiens à Toulouse. On remarquera  la présence prépondérante de Brian Storm avec MediaStorm aux États-Unis et les belles productions indépendantes françaises du directeur artistique Antoine Ferrando, de la créatrice sonore Alice Guerlot-Kourouklis (qui travaille sur les POM depuis Territoires de Fictions) et des réalisateurs Thomas Petit-Archambault et Arnaud Contreras.

Et les photographes dans tous cela ? Depuis 2008, ils s’y mettent de plus en plus, seuls ou accompagnés de créateur sonore et/ou de réalisateur. On peut citer (chronologiquement) Frédéric SautereauVirginie Terrasse, Ulrich Lebeuf, Fabien Collini, Élisabeth Schneider, Hélène Jayet ou plus récemment Jean-Nicolas Guillo .

Pour finir, citons deux initiatives intéressantes autour de la POM  : l’espace collaboratif 1/25e qui a été créé l’année dernière et la belle initiative d’Armelle Canitrot, chef du service photo de La Croix, qui a trouvé les moyens de produire une série de quatre Petites Oeuvres Multimédia intitulée Vies de prêtres.

Quelques exemples :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

VOLUPTAS de Virginie Terrasse (photographe) pour le projet culturel Territoires de Fictions. La POM a été réalisé avec Frédéric Lombard et Jen Bonn, à partir de sa série photographique sur le quartier de la Défense.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

UMUMALAYIKA / Ange – 2009.
Cette POM a été produite par le studio de création Hans Lucas pour le festival de Lucca en Italie et pour le GRIN, d’après le travail photographique de Martina Bacigalupo gagnante du Premio Ponchielli 2009. Réalisation image d’Antoine Ferrando et sonore d’Alice Guerlot-Kourouklis.
Co-production 2009 : HANS LUCAS / LDPF / GRIN

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ma maison pour hôpital – 2006.
Cette POM a été réalisée à partir de la série photographique Ma Maison pour hôpital pour le projet culturel Territoires de Fictions.
Dessin : Anne Collongues / Réalisation : Seïf Boutella / Création sonore : Anne Collongues et Seïf Boutella / Photographies : Stéphane Moiroux. © Hans Lucas 2006-2008

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Je vois bien ce que vous voulez dire… (volet 1_2007), photographie et réalisation d’Anne Barthélemy.
Joëlle, 56 ans, raconte comment elle a progressivement perdu la vue depuis l’enfance jusqu’à devenir complètement aveugle à 40 ans. Ce volet est issu d’une série de documentaires photographiques sur la perception des personnes déficientes visuelles (autoproduction en cours de réalisation).

Pendant la durée de l’événementiel POM+F, une série de POM accompagnées d’interviews de leurs auteurs sera publiée sur WEBDOCU.fr.


Vidéographie

Proche de la POM, la vidéographie est également un média linéaire d’information éditorialisée, associant un montage de photos et de vidéo réalisée à partir d’un réflex numérique. En développant l’enregistrement vidéo Full HD sur son reflex EOS 5D Mark II, la marque Canon a créé accidentellement de nouvelles pratiques et un nouveau métier : Vidéographe. La série Brèves de trottoirs, réalisée par Olivier Lambert et Thomas Salva (co-produite par Darjeeling) est un bel exemple de réussite, elle est diffusée sur France3 et dans le Parisien.

L’École des Métiers de l’Information EMI-CFD, l’école de l’image les Gobelins et Vidéo design proposent à Paris, des formations spécialisées en vidéographie.

Quelques exemples:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Antonyme de la pudeur.
Une réalisation d’Antoine Ferrando et d’Ulrich Lebeuf d’après une série d’Ulrich Lebeuf - Production DE ROLAIX.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

François, Beaubourg Paris 4ème
Présentation de la série Brèves de trottoir d’Olivier Lambert et de Thomas Salva.

Webdocumentaire

Le webdocumentaire (souvent raccourci en webdoc ou webdocu) est un média d’information conçu pour le web. Il se caractérise par une navigation, de l’intéractivité et une interface regroupant du Richmedia.  Son récit non-linéaire, s’appuie sur un écriture spécifique, enrichit de vidéos, textes, photographies, créations sonores. Souvent connecté aux réseaux sociaux, aux plateformes communautaires ou à un blog, le webdocumentaire reste toutefois un travail d’auteur, à ne pas confondre avec le webreportage, qui est un outil journalistique.

Historiquement, deux sociétés sont spécialisées dans la production de Webdocumentaire : Upian dirigée par Alexandre Brachet et Honkytonk par Arnaud Dressen et Guillaume Urjewicz. Rejoints depuis par Judith Rueff de l’agence de reportageS Ligne 4, Cécile Cros et Laurence Bagot de la société Narrative, Lucas Menget du studio multimédia de France 24 ainsi que le photographe indépendant Samuel Bollendorff qui multiplie les webdocs depuis deux ans. Les productions Thanatorama (2007, sous la direction artistique d’Ana Maria de Jésus), Gaza/Sderot (2008), Voyage au bout du charbon (2008) et Prison Valley (2010) ont marqué la jeune histoire de ce genre nouveau.

2010 reste sans conteste l’année de maturité pour le webdocumentaire. Le genre a trouvé sa place sur la toile, une place prometteuse et un peu moins marginale. Une place qui est aujourd’hui aussi peu à peu occupée par les documentaristes et les journalistes multimédia.

A noter L’autoroute de la nation une autoproduction de Marianne Rigaux, prometteuse journaliste tout juste sortie de l’ESJ Lille (option multimédia) réalisée depuis le logiciel en ligne Wix, Je ne suis plus la même de Léa Hamoignon et de Clara Beaudoux ainsi que l’intéressant parcours du projet transmédia Pékin underground du photographe Alain Lebacquer et de Mihai Zamfirescu-Zega (société Coogan).

Malgré des montages financiers toujours aussi délicats à mettre en place, une non-reconnaissance des revenus issus de ce nouveau support de l’information par la commission de la carte de presse et une  position inconfortable dans les commissions d’attribution d’aides pour les auteurs issus du journalisme, la France est un pays leader et les productions webdocumentaires se multiplient depuis 2009. A moyen-terme, cela devrait faciliter le développement de coproductions internationales. En France, ces réalisations peuvent être soutenues par des aides dédiées aux nouveaux médias issues du CNC ou de la SCAM et récompensées par le festival Visa pour l’Image et le Prix Bayeux-Calvados. Selon Guillaume Blanchot, directeur du multimédia et des industries techniques du CNC, l’institution a financé soixante projets webdocus depuis 2008 pour un total de 2160 000 Euros, dont une trentaine en 2010.

Côté diffusion, les plateformes “Webdocus” du Monde.fr, sous la rédaction-en-chef de Boris Razon et d’Arte, sous la direction du pôle web par Joël Ronez, sont aujourd’hui les deux sites incontournables. De son côté, France5 à produit une collection de 24 documentaires intitulée Portraits d’un nouveau monde. A l’étranger, le festival international du film documentaire d’AmsterdamIDFA reste la référence en Europe et l’Office National du Film du Canada produit de remarquables projets web innovateurs.

L’École des Métiers de l’Information EMI-CFD (en partenariat avec la société Honkytonk), l’INA Sup et Vidéo design proposent à Paris, des formations spécialisées en webdocumentaire.

Enfin, trois initiatives sont à saluer, le site d’information Webdocu.fr qui est animé par les journalistes Louis Villers et Alexis Sarini, la série de post appelé Sortir du Cadre de Gérald Holubowicz ainsi que le développement par Honkytonk du logiciel de webdocumentaire KLYNT (V1 pour janvier 2011).

Nous laissons le mot de la fin à Éric Scherer (que l’on regrette tous depuis son départ de MediaWatch), actuel directeur de la prospective et de la stratégie numérique de France Télévisions, qui nous donne une définition du “journalisme entrepreneurial“. Ce nouveau concept venu des États-Unis semble faire son chemin en France.

Quelques exemples de webdocumentaires :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Bande annonce de Prison Valley, un webdocumentaire sur l’industrie de la prison, de David Dufresne et Philippe Brault.
Une coproduction arte.tv & upian, soutenue par le CNC et plusieurs fois récompensée.
Pour voir le webdoc Prison Valley, suivre ce lien.


Thanatorama, une aventure dont vous êtes le héros mort.
Un webdocumentaire produit par Upian avec le soutien de la SCAM
Photos : Vincent Baillais / Textes : Julien Guintard / Création graphique et direction artistique : Ana Maria De Jésus / Musique : Benoît Bayart / Voix : Boris Alestchenkoff

Article initialement publié sur freelens.fr

Prochaine conférence POM+F le lundi 13 décembre à 18h30 à la mairie du 10e, intitulée “Narrations interactives : le webdocumentaire en question”.

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